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Hubs de mobilité : vers un avenir plus durable grâce à l’intermodalité

Il y a 10 ans, se déplacer en ville consistait principalement à prendre un seul mode de transport. Aujourd’hui, les pratiques se complexifient. En effet, beaucoup de voyageurs sont contraints de prendre une à deux correspondances puis terminer leur trajet à vélo ou en trottinette. Bien que d’autres restent très attachés à l’utilisation de la voiture individuelle qui accentue la pollution et la congestion… Quelle solution adopter pour améliorer et faciliter les trajets intermodaux ? Comment faire adopter des moyens de transports plus verts ? Zoom sur ces nouveaux espaces intermodaux qui apparaissent depuis quelques années… Les hubs mobilité, les nouvelles stars de l’intermodalité…

Qu’est-ce qu’un hub de mobilité ?

Tout simplement, les hubs de mobilité sont des lieux stratégiques où un usager peut choisir entre plusieurs modes de transport qu’ils se partagent. Ils jouent un rôle majeur dans le quotidien de millions de personnes. En effet, ils mettent en avant les différents services de mobilité existants au même endroit, facilitant ainsi l’accessibilité et l’inclusivité. Les voyageurs ont ainsi la liberté de choisir leur mode de déplacement en fonction de la situation du trafic ou de leur envie. Ce concept vise à fournir aux citoyens une alternative rentable et flexible à la possession d’une voiture individuelle. Mais également de raccourcir leur temps de trajet tout en simplifiant leur parcours. Si la ville dispose d’une application MaaS, les voyageurs peuvent optimiser leur trajet, en réservant un trajet intermodal. En effet, la majorité des services de mobilité sont intégrés dans l’app, ce qui facilite grandement la planification des trajets des voyageurs.

Une attractivité pour les villes ?

Les hubs jouent un rôle majeur dans l’attractivité des territoires. En raison du nombre croissant d’usagers sur la route, il devient important pour de nombreuses villes de réduire la congestion de certains axes saturés par le trafic motorisé. Les planificateurs urbains réfléchissent donc à créer ou réaménager des emplacements en hub de mobilité. Souvent, les municipalités, les installent près de grandes gares routières et ferroviaires, ou en périphérie des villes afin de permettre aux usagers de garer leur voiture et prendre les transports publics ou un vélo en libre-service. De cette manière, les planificateurs pourront éloigner le trafic motorisé des centres-villes. De plus, en encourageant les mobilités douces, ils réduisent la pollution.

Un exemple très concret de la réduction de pollution grâce aux hubs est la gratuité de certains parkings s’ils sont réservés avec un vélo. En effet, un utilisateur peut garer sa voiture et continue son itinéraire à vélo. En outre, les hubs de mobilité permettront aux autorités des transports publics de mieux planifier, gérer et optimiser tous les flux de transports. Sur le sujet, certaines villes ont déjà un train d’avance…

Elke Stamm /BVG

L’exemple réussi de certains pays

Le concept de hubs de mobilité est une partie importante des transports publics dans certains pays comme les Pays-Bas, la Norvège et l’Allemagne. Ces aménagements territoriaux aident quotidiennement les habitants et les touristes à se déplacer d’un endroit à un autre sans dépendre d’un mode de transport spécifique.

Les BuurHubs des Pays-Bas

Les premiers ehubs déployés à Amsterdam se nomment “BuurtHubs”. Ils ont vu le jour dans le quartier de Buiksloterham et le quartier Frans Hals en 2021. Ils proposent chacun 8 voitures, 5 vélos cargo électriques et 16 vélos électriques à l’usage des résidents. Les BuurtHubs se localisent géographiquement, à l’aide d’applications telles que MaaS (Hely) ou des applications propres aux fournisseurs. Amsterdam teste actuellement cette solution de mobilité urbaine innovante. La ville souhaite explorer son potentiel pour encourager l’utilisation d’alternatives aux voitures particulières, améliorant ainsi la qualité de vie des citoyens, ainsi que la durabilité et l’accessibilité de la ville. En effet, la ville grandit et l’espace public est de plus en plus encombré de voiries, de parkings, de trottoirs et de pistes cyclables. De plus, Amsterdam a pour ambition d’être zéro émission d’ici à 2025.

© Polis

Les autorités d’Amsterdam sont donc constamment à la recherche de solutions de mobilité innovantes qui contribuent à l’utilisation intelligente et propre de l’espace public et à la réduction des émissions. Même si les premières impressions concernant l’utilisation de ces hubs sont limitées, une augmentation de l’utilisation des véhicules est visible depuis l’été dernier. Les résultats sont pour le moment très encourageant, d’autant que la ville d’Amsterdam vient de déployer 15 autres ehub dans la ville fin 2022.

L’Allemagne, pionnière dans ce domaine

À Berlin, BVG est à l’avant-garde des hubs de mobilité. Le premier projet a vu le jour en 2003 dans la ville de Bremen. Le service « mobil.punkt » de Brême a ouvert la voie vers la création de stations de mobilité intermodales. Suite à cela, la ville a déployé avec succès plusieurs espaces stratégiques près des stations de S-Bahn et du métro. Ces hubs sont intégrés dans l’application MaaS de la ville : Jelbi. Dans la capitale allemande, on retrouve deux types de hubs. Dans un premier temps, il y a les “les stations Jelbi” qui sont de grands aménagements comprenant des services de mobilité douce, mais également des voitures et des camionnettes. Mais il existe aussi les “points Jelbi”. Ce sont des espaces plus petits qui offrent un accès à des modes de transport doux uniquement. La ville de Berlin prévoit d’aménager 14 nouveaux ehubs pour l’été 2023.

Désormais, à Berlin, les citoyens peuvent prendre le métro, le tram ou le bus, mais ils peuvent aussi choisir parmi 11 services de mobilité externes. Bien que la plupart de ces services aient leur propre application, BVG a simplifié l’expérience voyageur en créant l’application Jelbi. Celle-ci regroupe tous les services sur une seule et même application. Ainsi, les voyageurs ne sont pas redirigés sur d’autres sites, les transactions se font en quelques clics et tout est sécurisé.

© Standtun und land

La Norvège, les plus ambitieux

Le 26 août 2019, le premier hub de mobilité “Filipstad Mobility Park” a ouvert ses portes à Oslo. Des voitures et des vélos électriques ont été mis à disposition de la population 24 heures sur 24, en complément des autres moyens de transport de la ville. Le parc de mobilité de Filipstad se compose de 9 conteneurs de marchandises et d’une station de recharge avec un toit de cellules solaires. Ce parc de mobilité a une superficie d’environ 450 m² et peut accueillir 8 voitures électriques et plusieurs vélos. Le bâtiment comprend un atelier de vélos et à l’extérieur, 2 boîtes à colis placées en collaboration avec le service postal norvégien. Peu de temps après, le hub de Ski Station a vu le jour. Les résultats de ces hubs sont très encourageants.

Jamais autant de personnes ne se sont déplacées à vélo, en voiture électrique ou en transports publics. Et ce n’est encore qu’un début…

Lan Marie Berg, responsable de la division Environnement et Transports de la municipalité d’Oslo

En effet, la municipalité est convaincue que ces deux espaces stratégiques représentent une solution d’avenir, mais ne suffisent pas à changer le comportement de mobilité de tout un quartier. C’est pour cela que de nouveaux aménagements devraient voir le jour prochainement. Suite au succès d’Oslo, d’autres villes comme Bergen et Stavanger mettent en place des hubs pour ces habitants. Actuellement, la ville de Bergen dispose de 6 hubs et 8 autres sont en construction… Une chose est sûr, la Norvège ne compte pas s’arrêter en si bon chemin…